Pour la sobriété constructive !

La neutralité carbone en 2050, objectif de la France

La neutralité carbone en 2050 : tel est l’objectif que s’est fixé la France à la COP21 (Paris, 2015).

« Face à l’urgence climatique, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) constitue la feuille de route de la France pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du territoire » (https://www.ecologie.gouv.fr).

La construction, une cible de la stratégie « Bas Carbone »

La mobilité (moyens de transport), l’agriculture et l’alimentation, la production et la consommation d’énergie, l’industrie, les modes de consommation, la gestion des forêts et des sols sont directement concernées. Mais la construction l’est également, de manière principale.

La sobriété constructive, un levier d’action fondamental

La sobriété constructive est un des leviers d’action fondamentaux pour atteindre la neutralité carbone. La sobriété constructive, c’est moins construire, car construire, c’est émettre du carbone de manière directe et indirecte. Pour construire, il faut du ciment, de l’acier, notamment. Les productions de ciment et d’acier sont fortement émettrices de gaz à effet de serre.

Ciment et acier, industrie fortement émissives de gaz à effet de serre

La production d’acier fait le pari de l’hydrogène « vert » pour remplacer le coke de charbon. Cependant, la production d’hydrogène vert reste une problématique, à double dimension technique et économique. A court terme, voire à moyen terme, cette production est loin d’être décarbonée !

L’industrie mondiale du ciment, à elle seule, est responsable de 6% de l’ensemble des émissions, selon Carbon Disclosure Project. Elle est également le troisième consommateur d’énergie. Cependant, la production de ciment sera difficile à décarboner. En effet, le CO2 est une production chimique de la fabrication du clinker (produit intermédiaire du ciment). La seule solution serait de capter ce CO2 est de le stocker, ce qui n’est pas du tout réglé.

La sobriété constructive, un impératif

L’espoir est dans les biomatériaux produits par l’agriculture (paille, chanvre, etc.) ou par le recyclage.

La solution du bois est limitée, en raison de la faible disponibilité de cette ressource et de la compétition qu’elle suscite.  Elle est aussi fragilisée par le changement climatique, les invasions bactériennes, et la déforestation.

Pour les auteurs de « La ville stationnaire » (Sophie Jeantet et Clémence De Selva), nous n’avons pas d’autre choix que de moins construire.

Évolution du trait de côte à Hardelot-Plage

Hardelot Nord

Auteur : Amar ZEMMOUR (Docteur en géomorphologie littorale)

Une évolution différenciée entre le nord et le sud de la station

Hardelot-Plage est située au cœur d’un large massif dunaire typique des dunes dites picardes (c’est-à-dire orientées face aux vents dominants). On peut distinguer deux grands ensembles dunaires dont la morphologie diffère entre le nord et le sud.

Au nord, les dunes d’Ecault d’une hauteur allant de 15 à 20 m forment un vaste champ de dunes paraboliques recouvert par une forêt de conifères. Le haut de plage y est relativement large avec un pied de dune situé au-dessus du niveau des plus hautes mers astronomiques.

Au sud, les dunes du Chevalier Sansot correspondent à des dunes transgressives plaquées sur une paléo-falaise crétacée formant des reliefs élevés comme le Mont Saint Frieux. Le front dunaire, d’une hauteur ne dépassant pas 10 m, est caractérisé par une falaise d’érosion bordant une plaine humide riche en sources d’eau douce. La résurgence de cette dernière au niveau de l’estran limite fortement les envols de sable vers la dune (Chaaban et al., 2012).

Une tendance au recul sur la totalité du linéaire côtier

Plusieurs études ont été consacrées à l’analyse de l’évolution du trait de côte au niveau des massifs dunaires d’Hardelot (Chaverot, 2006 ; Crapoulet, 2015 ; Zemmour, 2019). A partir de photographies aériennes verticales anciennes et récentes, il a en effet été possible de retracer les mouvements du trait de côte depuis la seconde moitié du 20éme siècle jusqu’à nos jours. Les récents travaux de Zemmour (2019), montrent une tendance au recul sur la totalité du linéaire côtier durant la période 1947-2015 avec une légère différence entre le nord et le sud (Fig. 1).

Figure 1 – Evolution du trait de côte entre 1947 et 2015 (Zemmour, 2019).

Recul moyen au nord, plus important au sud

Les dunes de l’Escault montrent un recul moyen homogène le long de son linéaire de l’ordre de -0,17 m/an à l’exception de l’embouchure de La Becque où il a pu atteindre -0,7 m/an. Les dunes du Chevalier Sansot ont quant à elles connu un recul un peu plus rapide dans l’ensemble, avoisinant -0,3 m/an en moyenne sur la même période, mais spatialement plus hétérogène. On constate en effet une érosion plus forte au droit des blockhaus (-0,7 m/an).

Une évolution non linéaire dans le temps

Ceci-dit, il est important de souligner que cette évolution n’est pas linéaire dans le temps mais qu’elle peut être marquée par des périodes d’érosion plus ou moins importantes, mais aussi des périodes durant lesquelles le trait de côte a pu avancer vers la mer. Selon Crapoulet (2015), le trait de côte a reculé à un rythme de l’ordre de -0,7 m/an et -1,3 m/an respectivement au nord et au sud d’Hardelot-Plage jusqu’au début des années 1980. Cette dynamique s’est poursuivi à un rythme plus faible (-0,3 m/an) jusqu’en 2000 avant que la tendance ne s’inverse entre 2000 et 2005 avec une avancée du trait de côte de près de +1 m/an au nord et +0,6 m/an au sud. Ensuite, le trait de côte a connu une relative stabilité jusqu’en 2015 avant que l’érosion ne sévisse de nouveau en raison des séries de tempêtes de ces dernières années qui ont causées un recul pouvant dépasser 10 m par endroits. La figure 2 ci-dessous illustre parfaitement ce recul entre 2015 et 2021 constaté notamment au sud immédiat de la digue en enrochement d’Hardelot-Plage.

Figure 2 – Illustration du recul du trait de côte entre 2015 et 2021 au sud d’Hardelot-Plage

Une différence de résilience entre le nord et le sud

Malgré une orientation au vent et des conditions hydrodynamiques (houles et transit sédimentaires notamment) identiques, on note une différence d’évolution du trait de côte à long terme entre les dunes au nord et au sud d’Hardelot-Plage qui peut être expliquée par une différence de résilience entre ces deux secteurs (Battiau-Queney, 2006). Cette résilience se traduit par la capacité des dunes littorales à se reconstituer ou non après un événement morphogène (l’érosion provoquée par une tempête par exemple). Au sud, le long des dunes du Chevalier Sansot, l’estran est saturé d’humidité à cause de l’émergence de la nappe aquifère. L’action du vent pour le transport du sable du haut de plage vers le cordon dunaire y est ainsi quasiment inhibée (Chaaban et al., 2012). Le front dunaire n’évolue alors qu’en réponse à l’impact des vagues qui provoque un recul systématique lors des tempêtes. A l’inverse, les dunes de l’Escaut au nord présentent un haut de plage beaucoup moins saturé en eau, ce qui permet une réalimentation de la dune par du sable éolien entre les événements de tempête. Ce processus, lent mais constant, est essentiel pour la reconstitution du cordon dunaire après les périodes d’érosion.

Quid de l’évolution future dans le contexte du changement climatique ?

L’analyse de l’évolution du trait de côte au niveau des secteurs dunaires d’Hardelot-Plage permet de mieux comprendre le concept de résilience des systèmes côtiers. Elle montre en effet que les échanges sédimentaires s’effectuant naturellement entre l’estran et la dune favorise une plus grande stabilité du trait de côte face aux événements tempétueux. A contrario, le littoral est moins résilient et peut donc être plus vulnérable aux aléas côtiers lorsque ces processus d’échanges sont perturbés et/ou interrompus, ce qui est le cas avec les aménagements anthropiques (construction de digues, destruction des cordons dunaires, …etc.). Ce concept est d’autant plus important à prendre en compte dans le contexte actuel du changement climatique, notamment avec l’augmentation prévue du rythme d’élévation du niveau de la mer pendant les prochaines décennies. En effet, malgré les nombreuses incertitudes concernant l’ampleur du dérèglement climatique et de ses impacts dans le futur, les événements tempétueux risquent néanmoins de coïncider avec des niveaux d’eau de plus en plus élevés. Il est donc probable que l’érosion du littoral s’accentue là où le trait de côte recule déjà et où la résilience est moins forte.

Hardelot Sud

 

Sources :

Battiau-Queney, Y. (2006). La résilience des plages : un paramètre à prendre en compte dans leur gestion. Colloque en hommage à Roland Paskoff, Tunis.

Chaaban, F., Darwishe, H., Louche B., Battiau-Queney, Y., Masson, E., El Khattabi, J., Carlier, E. (2012). Geographical information system approach for environmental management in coastal area (Hardelot-Plage, France). Environ. Earth Sci., 65, 183-193.

Chaverot, S. (2006). Impacts des variations récentes des conditions météo-marines sur les littoraux meubles du Nord-Pas-de-Calais. Université du Littoral Côte d’Opale, Dunkerque, 266 pp.

Crapoulet (2015). Évolution du trait de côte, bilans sédimentaires et évaluation des zones à risques sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais : analyse multi-échelles par LiDAR aéroporté. Thèse de doctorat. Université du Littoral Côte d’Opale, Wimereux, 345 pp.

A.Zemmour (2019). Etude de l’évolution des littoraux dunaires de la Côte d’Opale à différentes échelles de temps : analyse de leur capacité de régénération post-tempête. Thèse de doctorat. Université du Littoral Côte d’Opale, Wimereux, 228 pp.

Pour un développement raisonné de la station

Une base nautique hors de portée de la montée des eaux ? (vent SSO de 60 km/h, marée de 110)

Un développement raisonné, un développement motivé

Comme son nom l’indique, un développement raisonné est un développement guidé par la raison et, par voie de conséquence par des raisons ou motifs. Si la  rationalité préside dans les décisions, elle varie selon les catégories d’acteurs. Les rationalités des propriétaires fonciers, des promoteurs immobiliers, des agences immobilières, des commerçants et artisans, des bailleurs, des élus municipaux et communautaires, des résidents principaux, des résidents secondaires, des résidents de passage, ou des visiteurs ne sauraient se confondre. Elles recèlent, certes, des convergences, mais également des divergences. Ces rationalités se conjuguent avec des enjeux, dont le terme (court, moyen, long) est variable, selon la catégorie d’acteurs concernée.

Propriétaires fonciers, promoteurs, agences immobilières, commerçants, artisans, municipalité, bailleurs, une motivation fondamentalement financière

Vente de terrains  et programmes de construction au meilleur prix

Ce qui est en jeu pour les propriétaires fonciers, qui destinent leurs terrains à la vente, est la vente de leurs terrains au meilleur prix. Quand leurs terrains seront vendus et bâtis (si ce sont des terrains constructibles !), l’enjeu disparaîtra. Néanmoins, ils peuvent espérer que des terrains inconstructibles le deviennent, par modification du PLUI. Il en va de même pour les promoteurs immobiliers, dont le champ d’action est limité par la constructibilité des terrains vierges, et par l’éventuelle destructibilité du bâti (destruction du bâti existant et reconstruction avec densité plus élevée). Les limites du territoire constructible et de la densification forment les limites du développement pour ces acteurs. La réalisation du potentiel de développement et sa rapidité sont conditionnées par l’attractivité de la station. Supprimer des espaces naturels, densifier l’habitat, au-delà de certaines limites, vont contribuer à réduire l’attractivité de la station, donc porter atteinte aux attentes des propriétaires fonciers et des promoteurs immobiliers, mais aussi d’autres acteurs.

Croissance du chiffre d’affaires et de la rentabilité

Pour les commerçants, l’enjeu est le chiffre d’affaires conjugué à sa rentabilité. Il est étroitement lié au revenu disponible des résidents principaux et secondaires, des résidents de passage et des visiteurs, et à la propension de ces acteurs à consommer ce revenu dans les magasins de la station. L’attractivité durable de la station conditionne le revenu disponible et la propension à consommer que se partagent les commerçants, à un double titre. D’abord, cette attractivité permet la croissance du nombre de résidents principaux et secondaires, donc du revenu disponible. Puis, elle permet la transformation du revenu en dépenses, donc en chiffre d’affaires, selon la propension à consommer qu’elle suscite. Pour chaque commerçant, le développement de son chiffre d’affaires dépend de la structure des dépenses des ménages résidents et de l’attractivité de sa propre affaire. L’activité des commerçants est donc simultanément complémentaire et concurrente.

Le raisonnement est identique pour les artisans, à ceci près que les résidents de passage (en hôtels, gîtes, chambres d’hôtes, location) sont des cibles exclues pour eux.

Pour les bailleurs (locaux commerciaux, locations longue durée, locations saisonnières, ou de passage), l’enjeu est également le chiffre d’affaires et sa rentabilité, et la limite est induite par l’attractivité de la station et l’attractivité de leur propre affaire.

Il en va de même pour les agences immobilières, dont le potentiel de développement est lié aux transactions immobilières et à leur prix.

Contrairement aux propriétaires fonciers et aux promoteurs, dont l’horizon est à court terme, commerçants, artisans, bailleurs, agences immobilières peuvent avoir une vision sur le long terme. En effet, quand le développement immobilier de la station aura atteint ses limites, leur marché n’en sera pas pour autant éteint, tant que l’attractivité sera de bon niveau.

Croissance des rentrées fiscales

Pour les élus communaux, communautaires, départementaux, régionaux, l’enjeu principal est l’impôt et la taxation sous toutes leurs formes. L’attractivité (donc la satisfaction des résidents) est aussi une limite, sachant qu’ils participent quelque peu à la détermination de cette limite, par l’importance de la pression fiscale qu’ils imposent aux résidents et du niveau de satisfaction des résidents. Autrement dit, au-delà d’un certain niveau de pression fiscale, cette dernière devient dissuasive pour les éventuels candidats à la construction ou au rachat de constructions existantes (courbe de Laffer : l’impôt tue l’impôt).

Il est facile de constater que tous ces acteurs ont un enjeu commun, principalement de nature financière, et que le développement de la population des résidents principaux et secondaires  participe, de manière fondamentale, à la réalisation de cet enjeu. Plus le revenu disponible de ces résidents est élevé, plus la réalisation de cet enjeu est facilitée. Le levier d’action est la sélection par le prix : prix des terrains, prix de la construction neuve, prix de la construction d’occasion, niveau de la pression fiscale. Encore faut-il ne pas abuser de ce levier pour ne pas dissuader les candidats à la fois intéressés et intéressants. C’est un travail d’optimisation.

Résidents, un désir de bien-vivre conjugué à une motivation patrimoniale

Pour les résidents, qu’ils soient principaux ou secondaires, l’enjeu est pluriel. Il est, d’abord, d’acquérir un bien d’un niveau de qualité et de prix qui correspondent à leurs attentes. Il est aussi de maintenir la valeur patrimoniale de ce bien. Le maintien de cette valeur patrimoniale dépend de la durabilité de la qualité intrinsèque du bien et son niveau d’obsolescence dans le temps (ex : évolution des normes thermiques, des sources d’énergie, des goûts, etc.), mais également de la durabilité de l’attractivité du quartier, et finalement de la station. Il est, ensuite, d’accéder à un niveau de services satisfaisant (services de santé, de commerce, de transport, d’équipement de la maison et de la personne, de loisirs et de culture pour adultes et pour enfants, d’éducation pour les enfants). Enfin, l’enjeu est aussi de vivre dans un cadre, qui, subjectivement, satisfasse la plus grande majorité des résidents, donc un cadre durablement attractif. Participent à cet enjeu la clémence du climat, la beauté des paysages terrestres et maritimes, l’équilibre entre espaces naturels et espaces bâtis au sein de la station, la hauteur et le niveau de densité du bâti, le maintien des espaces naturels autour de la station, le niveau de densité de population, le niveau de densité de la circulation automobile, de la pollution atmosphérique, sonore, olfactive, l’importance des espaces de circulation pour les piétons, les vélos, etc.. S’il est un facteur indépendant de la volonté des acteurs, le climat, les autres résultent d’une politique et de stratégies de développement finalisées par ce désir de bien-vivre.

Un horizon d’enjeux variable selon les catégories d’acteurs

La dimension temporelle de la réalisation des enjeux varie selon les catégories et les logiques d’acteurs. Les propriétaires fonciers et les promoteurs immobiliers sont régis par le court voire le moyen terme, comme nous l’avons écrit précédemment. Les logiques des commerçants s’inscrivent plutôt dans le moyen terme, voire le long terme, selon l’horizon qu’ils se donnent pour la valorisation de leur capital, leur motivation fondamentale (revenus ou plus-value) et leur niveau d’attachement à la station. Les logiques des résidents principaux et secondaires sont plutôt présidées par le long terme.

Une vision à long terme, en harmonie avec un diagnostic, des valeurs et des stratégies

La vision comme boussole

« Il n’est de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » (Sénèque). La vision joue le rôle d’une boussole. Définir une vision à long terme, c’est répondre à la question : quelle station voulons-nous laisser à nos enfants et petits enfants ? En creux, c’est aussi répondre à la question : quelle station voulons-nous éviter à ces générations futures ? Nous savons que du projet à sa réalisation, il y aura probablement des écarts, mais cela ne retire en rien l’utilité du projet, de la vision. La réalisation d’un projet est toujours fortement contextualisée, et malgré tous les efforts de prévision et de prospective, il est difficile d’envisager tous les scenarios possibles. Mais, à choisir entre subir les évènements et essayer de conduire le développement, l’expérience montre que le deuxième terme de l’alternative est préférable. De toute façon, si les résidents n’ont pas de projet pour leur cadre de vie, d’autres acteurs en ont un, et celui-ci ne leur sera pas automatiquement favorable. La CIH, par exemple, a un projet immobilier pour la station, donc une vision de la station, au moins pour la partie du territoire à laquelle elle s’intéresse. Les élus, eux, ont-ils une vision de la station ? Si oui, elle n’a jamais été rendue publique. Si non, ils gouverneraient la commune sans boussole ! En clair, ils ne sauraient pas où ils nous emmènent. Cette hypothèse est la plus probable, à en juger par le Schéma Managerial de Développement Urbain et Commerçant, qui n’est qu’une compilation des projets déposés ou prévus par les promoteurs immobiliers et par la Municipalité. Pourtant, le document de présentation prétend bien fournir une « vision globale du développement de la commune ». Ce n’est visiblement pas une vision, au sens managérial du terme, mais simplement un inventaire de projets immobiliers. Le qualificatif « managérial » du Schéma n’est, alors, pas approprié. Mais, il est vrai, de SMDUC, nous n’entendons plus parler, et il n’y a plus de réunions !

Le diagnostic, comme base de départ

Une vision nous indiquerait un horizon (5 ans, 10 ans, 15 ans) et un projet crédible, concernant tous les acteurs de la commune, engageant, et reflétant la personnalité de la commune et son positionnement dans l’univers des stations balnéaires de la Côte d’Opale. La station ne part, évidemment, pas de rien. Elle a des forces indubitables, comme le signifie son attractivité actuelle. Mais la station recèle aussi des faiblesses, qui nuisent à cette même attractivité. Elle a un certain potentiel (le champ des possibles), qu’il conviendrait de définir mais aussi des limites, qu’il serait aussi intéressant de cerner. Ce potentiel est déjà, pour partie, réalisé. Quels sont les possibles à explorer, et éventuellement, à exploiter. Quelles sont les limites ? Autrement dit, la vision doit s’appuyer sur un diagnostic sérieux.

La stratégie comme voie à suivre

Le diagnostic fournit la situation de départ, la vision formule la situation souhaitée, l’ambition, au terme décidé. Ce qui permet de passer de l’un à l’autre, c’est la stratégie, autrement dit les voies et méthodes, et sa traduction en priorités et en plan d’action.

Les élections municipales sont passées. Nous pouvions espérer que les candidats auraient la sagesse de nous présenter un programme, qui ne serait pas qu’un inventaire de projets particuliers, mais la traduction d’une stratégie solidement fondée sur ses deux piliers que sont le diagnostic et la vision. Au travers de la stratégie et du plan d’action (programme) qui la décline, les électeurs sauront décrypter les valeurs sous-tendues ! Les valeurs peuvent s’afficher, mais ce sont les pratiques mises en œuvre qui permettent de les discerner ! Il en va de la valeur écologique, comme des autres valeurs !

Bref retour à la base nautique

Que dire de la base nautique ? Les motifs d’un projet de rénovation ou de remplacement ne manquaient pas, surtout ceux qui s’inscrivent dans une logique d’attractivité de la station. L’ancienne base nautique enlaidissait la station,  et pouvait désespérer ses utilisateurs. Il était impératif de la rénover ou de la remplacer. Qu’est-ce-qui peut bien motiver le projet retenu, eu égard à son coût pour la collectivité, coût financier mais également coût écologique (voir article sur artificialisation des sols) ? Une analyse sémiologique de ce choix serait sans nul doute intéressante. Mais, ce qui est difficilement compréhensible, c’est le choix de l’emplacement doublé d’un choix d’ancrage irréversible de la construction, considération faite des risques d’immersion liés à la montée désormais certaine du niveau de la mer.

 

L’avenir d’Hardelot conditionné par une croissance de sa population ?

Lors d’une rencontre récente avec « Vivre Hardelot », nos interlocuteurs nous ont d’emblée interrogés pour savoir si l’avenir d’Hardelot était une problématique commune. Notre réponse a été évidemment positive. Si nous agissons, comme nous le faisons, pour protéger l’écrin de nature dans lequel niche la station, c’est bien parce que le moteur de notre action est l’avenir d’Hardelot. Nous ne voulons pas que les générations futures nous reprochent d’avoir laissé le développement de la station soumis aux seules attentes des promoteurs immobiliers et, derrière eux, aux deux ou trois propriétaires des terrains. Il suffit de regarder le front de mer. Le front de mer n’est que béton et goudron. Il est dépourvu de toute végétation. Oui, nous sommes préoccupés par l’avenir de la station, d’autant que la problématique de la montée des eaux à brève échéance ne semble toujours pas avoir pris sa place dans la carte mentale des différentes parties prenantes.
Rapidement, l’échange a glissé sur le probléme du commerce local, en grave difficulté, selon une de nos interlocutrices et sur la solution à apporter : le développement de la population de 1900 à 2300 résidents, ce qui passerait par de nouvelles constructions, notamment sur des terrains, que nous protégeons à juste titre, et pour lesquels nous avons engagé une action en justice administrative. Nous ne sommes, bien entendu, pas opposés à la construction sur les terrains constructibles, en souhaitant, cependant, que les constructions nouvelles s’inscrivent dans une politique de développement cohérente avec une vision d’Hardelot à 10 ou 15 ans qui reste à définir.
En raccourci, l’avenir d’Hardelot passerait par la résolution des difficultés du commerce local, qui est lui-même conditionné par de nouvelles constructions, et par voie de conséquence, par l’abandon de nos actions de protection.
Tout d’abord, le commerce d’une station, d’un village, d’une ville est un équipement de service à la population. Certes, il est privé, mais il reste un équipement. Dans certaines zones de France, le commerce de proximité a disparu. C’est regrettable parce que c’est un service à la population qui disparaît. Certaines communes ont donc subventionné directement ou indirectement des commerçants pour qu’ils se maintiennent ou viennent s’installer.
Dans certaines villes, la population des centres-villes a été également dépossédée du commerce de proximité, en raison de la concurrence des centres commerciaux de la périphérie, mais également, parfois, de l’appauvrissement de la population. La richesse vive de la zone de chalandise ne permet plus la rentabilité de tous les points de vente et certains disparaissent (voir le tissu commercial de Boulogne sur Mer).
Dans notre station, tous les points de vente ne sont pas en difficulté, donc il ne faut pas généraliser à l’ensemble du commerce. Il conviendrait donc de segmenter (par secteur d’activité, par exemple) pour affiner l’analyse. Comme les commerçants gardent bien secrets les résultats de leur activité, alors que bon nombre d’entreprises publient leurs résultats, il n’est de toute façon pas possible de mener une quelconque analyse afin de dresser une connaissance sérieuse de la situation du commerce à Hardelot. Tant que cette analyse ne sera pas menée, la situation du commerce à Hardelot restera de l’ordre de l’opinion ou de la croyance. Donc, si nous reprenons le raisonnement, la volonté de constructions nouvelles a pour tout fondement une hypothétique difficulté du commerce local, produit d’une généralisation, et dont la substance est de l’ordre de l’opinion ou de la croyance. Vous imaginez que cela ne saurait suffire à motiver un abandon de nos actions de protection de notre environnement.
Il est donc fort probable que certains commerces sont en difficulté. Mais les sources de difficulté d’un commerce sont nombreuses. Il faut d’abord distinguer les commerces qui sont en phase de maturité et qui déclinent parce qu’ils n’ont pas su s’adapter à l’évolution du contexte. Nous l’avons vu avec le commerce alimentaire. Ensuite, d’autres commerces comme celui de la restauration sont peut être trop nombreux et ne subsisteront que les plus attractifs et les plus solides (d’un point de vue financier et de gestion). C’est la loi du marché. Ceux qui disparaîtront seront peut être remplacés par d’autres, qui souhaiteront venir se frotter au marché, parfois sans étude de marché, sans « business plan », ou avec une assise financière insuffisante. Il ne suffit pas de croire que Hardelot est un eldorado pour venir s’y installer. La gestion d’un commerce dans un tel contexte (forte saisonnalité de l’activité, forte contingence en raison des variations climatiques, etc.) nécessite une solide compétence tant dans son coeur de métier qu’en gestion, une solide assise financière pour ne pas être en cessation de paiement au premier coup de vent, etc.
Néanmoins, même s’il n’est pas possible de mener une analyse sérieuse (scientifique, si j’osais !) de la situation du commerce à Hardelot, il serait bénéfique de mener une étude de l’attractivité de la station auprès des résidents et des touristes afin d’avoir une connaissance de ses forces et de ses faiblesses. Sans doute que les résultats de cette étude nous apporteraient également matière, par exemple, à améliorer l’équipement commercial ou à réorienter la construction vers des produits immobiliers plus conformes aux attentes des clients potentiels. De manière plus générale, un tel diagnostic permettrait de définir des priorités de développement et des stratégies destinées à les réaliser et de donner un peu plus d’ambition à la politique de développement de la municipalité et de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais.
Depuis longtemps, nous avons émis le souhait de rencontrer les différentes parties prenantes à la construction de l’avenir d’Hardelot. Certains ont répondu à ce souhait, ne serait-ce que pour nous connaître. Cette nouvelle rencontre, sollicitée par Vivre Hardelot, répondait donc à notre attente. Elle a été profitable, pour nous, car nous avons fait connaissance avec les membres du bureau, nous avons pu échanger, et, surtout, proposer une enquête sur les forces et faiblesses de la station. Cette enquête-diagnostic sera une base de discussion d’une politique de développement de la station. Acceptée par nos interlocuteurs, nous devrions en faire un chantier commun dans un avenir tout proche.